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Des racines et des arbres
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8 janvier 2020

Marie Pincemaille-Pierre Doyé-Jean Doyé:une énigme en partie résolue

Quand on fait de la généalogie il faut savoir être patient, avoir de la chance, se poser de nombreuses questions et explorer de nombreuses pistes qui n’aboutissent pas toujours.

Pour situer les personnes concernées voici l'arbre à partir de Madeleine Ducasse :

 

Arbre 1

 

J’arrive donc un jour dans mes recherches au couple Jean Doyé-Marthe Darrigues. Leur mariage a eu lieu à Saint Martin de Seignanx le 23 novembre 1823. Dans cet acte de mariage, Jean est dit fils naturel de feue Marie Pincemaille, non reconnu. Lorsque je lis cet acte, je suis aux archives départementales des Landes à Mont Marsan et c’est l’heure de la fermeture.

 

Capture d’écran 2020-01-04 à 16

 

 

 

Sur la route qui me ramène à Pessac j’ai largement le temps de me poser des questions.

Pourquoi, s’il est fils de Marie Pincemaille et non reconnu, porte-t-il le nom de Doyé ? Habituellement quand un enfant à cette époque là, est non reconnu il ne porte pas de nom de famille. Il aurait dû s’appeler Jean et seulement Jean. Ses parents se sont-ils mariés après ? Est ce que sa mère s’est mariée plus tard avec un homme qui a reconnu cet enfant ? As-t-il été adopté ? A cette époque là il n’y a que le minitel pour chercher et je ne trouve aucune trace de Pincemaille ou Doyé dans la région. Il y en a, mais dans le nord de la France.

Il me faudra attendre un an avant de retourner aux archives et pouvoir consulter son acte de naissance dont j’ai la date dans l’acte de mariage.

Et là je découvre que non seulement Jean Doyé est reconnu mais qu'il est déclaré par son père Pierre Doyé.

 

Capture d’écran 2020-01-04 à 17

 


On apprend dans cet acte que Jean est né à Villenave d’Arvigne qui est une belle propriété. Que ses parents ne sont pas mariés. Sa mère est la maitresse du domaine et son père un simple laboureur.

Je n’en saurais pas plus, car je ne retrouve aucun acte de mariage les concernant, ni aucune trace de leurs naissances et décès à Saint Martin ou dans les environs.

Il me faudra presque 10 ans de plus pour avoir la suite de l'histoire, ou plutôt une partie de cette histoire.

En feuilletant les registres de Saint-Martin, un jour mon oeil est attiré par le nom de la propriété : Villenave d'Arvigne. Il s'agit de l'acte de décès d'un certain Sales Bernard, en date du 23 mai 1782, ancien chirurgien major du roy à l'hôpital de l'ile de Kye, âgé de 56 ans. A première vue il n'a rien à voir avec notre histoire. Je le trouve un peu trop agé pour être le mari de Marie Pincemaille qui n'a que 28 ans à ce moment là. Mais je me dis que je vais peut-être trouver un acte de vente de la propriété après ce décès. Je ne le sais pas encore, mais je suis sur la bonne piste.

Quelques mois plus tard je prépare ma visite aux archives départementales à Mont de Marsan avec l'idée d'aller fouiller les archives notariales. Un ou deux jours avant d'y aller je reçois un email d'un certain Wilfried Pincemaille avec lequel je suis en contact depuis plusieurs années, depuis l'accès à internet. Il fait des recherches sur tous les Pincemaille de France de Navarre et de Hollande, et par le biais d'un autre chercheur il m'indique avoir trouvé le mariage à Paris d'une certaine Marie Charlotte Françoise Pincemaille (voilà qui sent bon, puisque c'est le même prénom) avec un certain......Bernard Salles, médecin. Celui là même que j'avais épinglé dans mon fichier, au cas où.

Un chercheur en Bretagne, un passionné hollandais de Pincemaille puis ma visite aux archives et la lecture d'actes notariés vont permettre de raconter l'histoire de Marie Pincemaille.

Elle naît à Paris en novembre1753 dans une famille bourgeoise. Elle est la fille de Jean Etienne Pincemaille avocat et procureur du roi depuis le 31 juillet 1739, et de Madeleine Denise Marie Doyen sa deuxième épouse. Ils habitent sur l'Ile Saint Louis : 9 rue Saint-Louis en l'Ile.

Elle se marie le 19 mai 1772 à Paris avec Bernard Salles. Natif de Arreau dans les Hautes Pyrénées, il est depuis 1764 chirurgien à l'hôpital des Cayes, à Saint Domingue (actuel Haïti), mais était peut-être déjà à Saint-Domingue avant. Lors du mariage Marie Charlotte Francoise a 18 ans et lui 46 ans. Compte tenu de leurs âges respectifs, du milieu social et de l'époque, il y a de forte chance qu'elle n'ait pas vraiment choisi son mari.

 

Eglise_St_Louis_en_l_Ile_-_18_siecleMariage Pincemaille Salles Acte de mariage de Marie Charlotte Françoise   Pincemaille et Bernard Salles ( acte de l'état civil reconstitué de Paris, suite à l'incendie des archives)

Le couple s'embarque à Bordeaux le 31/8/1772 sur le navire l'Angélique pour Saint-Domingue. C'est là-bas que naîtra une premiere enfant prénommée  Marie Marthe le 16/3/1773 et décédée à 20 jours le 5/4/1773. Puis c'est la naissance de Jean le 26/5/1774. Tous les deux sont nés aux Cayes.

Ils reviendront ensuite en France, et on les retrouve à Bayonne où est née et décèdée en 1778 une fille Petronille. Leur fils Jean décédant aussi à Bayonne le 21 avril 1779. Puis c'est la naissance de Pierre Salles le 4 janvier 1782 toujours à Bayonne, avant le décès de son père Bernard à l'âge de 56 ans, le 23 mai 1782 à Saint-Martin-de-Seignanx, dans sa propriété de Villenave d'Arvigne( Plan cadastral). Propriété achetée par Bernard Salles le 26 novembre 1778. 

 

Sans titre

 

Marie Charlotte Françoise a 28 ans, elle est la mère d'un bébé de 4 mois, et surtout la maitresse d'un vaste domaine à Saint-Martin. Elle ne se remariera jamais, mais va croiser le chemin de Pierre Doyé.

Ainsi 9 ans après le décès de son mari, le 24 août 1793, et en pleine révolution va naître notre aieul Jean Doyé.

Mais entre temps une autre naissance pose question. En effet , le 5 juillet 1785, est baptisée à Josse une certaine Marie Doyen, fille de Madame Marie Charlotte Françoise Doyen, habitante de la paroisse de Saint Martin de Seignanx, et de père inconnu. Drôle de coïncidence ! En effet pour avoir très souvent parcouru les registres de Saint-Martin je n'y ai jamais vu d'autre Marie Charlotte Francoise que la notre, dans un village où la plupart des habitants sont des paysans porteurs d'un seul prénom de baptême contrairement aux bourgeois des villes. Et Doyen est le nom de famille de la mère de notre Marie Charlotte Francoise. Pourquoi cette dame vient accoucher dans ce village alors qu'elle n'y est pas connue et pour y laisser une enfant en nourrice ? Pourquoi accouche-t-elle sous un faux nom d'un enfant, peut-être du même père laboureur alors que 8 ans plus tard les noms des deux parents sont indiqués ? Peut-être tout simplement parce que entre temps il y a eu 1789 et le début de la Révolution. Bien sûr ce ne sont que des hypothèses, mais ...

Laissons les hypothèses , et revenons à des faits.

En juillet 1803 (17 messidor an XI) Marie Pincemaille et son fils Pierre Salles vont vendre l'ensemble de leurs biens à Saint-Martin-de-Seignanx , la propriété de Villenave, une métairie,des terres etc. J'ai retranscrit l'acte notarié de la vente, en langage de notaire de l'époque !  Acte_de_vente_Pincemaille-Salles

On y apprend qu'ils veulent se rapprocher de leur famille à Paris et que Pierre Salles veut y poursuivre ses études de chirurgie, et vivre ensemble. Deux jours après la vente de Villenave ils passent de nouveau devant le notaire pour donner procuration à Antoine Nicolas Pincemaille leur frère et oncle. Celui ci doit gérer pour eux leurs affaires à Bayonne, c'est à dire percevoir des rentes annuelles et le loyer d'une maison au 38 rue de Lagruau à Bayonne.

Marie Pincemaille quitte Saint-Martin de Seignanx à l'âge de 49 ans en laissant derrière elle un petit garçon de 10 ans, notre aieul Jean Doyé.

Un an après son départ son frère Antoine Nicolas Pincemaille décède à Bayonne au 14 rue de l'argenterie le 4 août 1804.

Le 16 décembre 1807 son fils Pierre Salles se marie à Paris.Ils habitent alors ensemble rue du Cimetière Saint André des Arts, l'actuelle rue Suger, finalement très près de l'ile Saint-Louis où elle a passé son enfance. A ce moment là elle était couturière.

Elle s'éteint le 18 mai 1811 au 10 de la rue du Pont aux Choux, son fils habitant à deux pas rue de Limoges actuelle rue Debelleyme.

Il semble que les choses ne se soit pas passées aussi bien que prévu. Bien sûr ils vivent quelque temps ensemble, mais Pierre Salles n'a semble-t-il pas continué ses études puisqu'on le retrouve à Versailles en 1818 où il est restaurateur, et Marie est obligée de travailler.

Au décès en 1823 de celui ci, il laisse un héritage de 12 475 francs à sa veuve et ses enfants c'est à dire à peu près ce qu'avait rapporté la vente des biens 20 ans plus tôt à St Martin. Alors pourquoi sa mère a été contrainte de travailler comme couturière à la fin de sa vie, et n'a pas continué à vivre de ses rentes qui pour l'époque étaient confortables . Elle avait pourtant géré sa fortune sans problèmes avant le départ de Saint Martin. En relisant l'acte de vente j'ai eu le sentiment qu'elle se faisait un petit peu avoir par son fils. Impression confirmée aujourd'hui en complétant mes recherches et en découvrant qu'il n'était pas devenu chirurgien, qu'ils n'avaient pas vécu ensemble jusqu'au décès de Marie.

 

 

 

Marie est décédèe mais l'histoire n'est pas finie                                                                      

 

 

 

 

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